Bulletin de l'ALSFX, printemps 2009

Le myriophylle à épi

Avez-vous déjà entendu parler du myriophylle à épi, une plante aquatique venue d’Eurasie et qui a déjà colonisé certains de nos cours d’eau où elle n’est pas du tout appréciée ; à ne pas confondre avec l’espèce indigène de myriophylle?

Dans un rapport du «Comité myriophylle» du Regroupement des Associations des Lacs de Saint-Faustin-Lac-Carré inc, le RAL, on donne une description concise de cette intruse : «Le myriophylle est une plante immergée aux tiges ramifiées, aux feuilles très nombreuses et divisées en fines lanières. Les fleurs, petites, rosés ou jaunes, s'épanouissent hors de l'eau. Cette plante a des feuilles qui comptent au-delà de 12 paires de folioles, lui donnant l'aspect d'une plume. On la retrouve entre 15 centimètres et jusqu'à 5 mètres de profondeur.»

Cette espèce nuisible et envahissante aurait été introduite en Amérique du Nord à la fin du 19e siècle, possiblement dans le ballast des bateaux. Au Canada, elle a notamment infesté la rivière et le canal Rideau. Dans ce dernier, on utilise une moissonneuse mécanique flottante aussi impressionnante que notre «grenouille» à embâcles, pour en faire …la récolte ! Cela sans jamais espérer pouvoir l’éradiquer.

Le comité myriophylle du RAL en rappelait la présence, en 2004, dans plusieurs lacs environnants de la région, «soit le lac Carré, le lac Supérieur, le lac Duhamel, le lac Maskinongé et le lac Ouimet».
L’Association des propriétaires et amis du Lac Connelly (APALC) y a monopolisé les riverains dès l'an 2000 pour une opération d’arrachage d’envergure. Le travail sur le terrain a d'abord nécessité un grand battage publicitaire et une action collective. Cette plante, telle une pieuvre, peut s'empêtrer dans les hélices des moteurs qui vont en produire de multiples boutures ou, plus simplement, gêner la baignade et l'aspect de votre lac. Les propriétés riveraines des lacs sérieusement infestés pourraient voir leur évaluation baisser. Le spectre de son développement semblait maintenant pouvoir amener les citoyens à se retrousser les manches. Même les canards, les huards ou tout autre oiseau fréquentant nos lacs peuvent potentiellement contribuer à la dissémination du myriophylle.

La FAPEL affirmait pourtant que l’on ne pourrait pas venir à bout de l’espèce, comme c’est le cas pour bien d’autres, mais qu’il ne fallait pas paniquer. On aurait même constaté un certain plafonnement du développement de la plante rendue à son apogée d’envahissement dans certains lacs. Même si elle subjugue les espèces locales et les remplace, il ne faudrait pas diaboliser son impact comme on le fait souvent dans des cas semblables. L’organisme rappelait, en même temps, que les mauvaises habitudes environnementales des riverains donnent des munitions au myriophylle, une fois installé, comme c’est le cas pour l’algue bleue et d’autres.

Moi qui ne suis pas un résident permanent ou ancien de notre lac, je n'ai pas eu connaissance qu'il ait été fait mention de cette plante autour de moi. Elle n’a peut-être pas encore amerri sur le lac St-François-Xavier ; mais des mesures d’observation et de prévention ne seraient pas superflues. Cet envahisseur a-t-il déjà fait son apparition ailleurs à Wentworth-Nord? Devrons-nous former un comité myriophylle comme au RAL? Faudra-t-il remplacer notre prototype de disque de Secchi par celui du râteau à manche télescopique patenté par les riverains du lac Connelly pour la chasse au myriophylle à partir de leurs pontons ou à bord de leurs bateaux? Devrons-nous, peut-être, songer à ...installer une station de quarantaine à l’intention de notre huard, de nos becs-scies, de nos colverts ?

Cette menace pourra-t-elle faire pâlir celle des cyanobactéries qui a traumatisé tous les amateurs de lac de la province en 2007? Cette dernière crise avait-elle, au contraire, éclipsé la première ?

Carl Chapdelaine, ALSFX